L’automne. Londres. Ses vastes parcs parsemés d’une teinte rougeâtre, par endroits. Une gamme de couleurs unique. Un décor envoûtant. Et un peu sanglant, parfois. La venue du soir assombrit de belles maisons victoriennes régulièrement alignées dans une rue de Kensington. Impeccablement blanches. Un peu trop, peut-être.

La lumière rougeoyante tamisée à une fenêtre, à peine plus haute que la rue, éclabousse la nuit. Les rideaux pourpres semi-opaques sont surpiqués de fins motifs dorés. Ils ondulent voluptueusement derrière la fenêtre entrouverte.

Un coup de vent plus violent que les autres écarte les rideaux et révèle la pièce. Le luxe se respire partout; dans ce mélange coloré d’or et de rouge qui éclabousse la pièce, trop ostentatoire ; dans ses nouveaux sous-vêtements, trop brodés ; dans le somptueux costume clair qu’il portait encore il y a quelques minutes, trop ajusté ; dans l’étreinte qui mélange leurs parfums, trop endiablée.

Ils se retournent, laissant découvrir l’alliance de la femme, tout à fait du style de la décoration. Aucun doute, elle habite ici.

Leurs baisers sont tendres mais passionnés, presque amoureux. Alors qu’ils se dirigent vers le lit, enlacés, l’absence de bague au doigt de l’homme n’est pas vraiment une surprise.

Leur rythme s’accélère, les battements de leurs cœurs s’accordent, en harmonie avec les petits coups de cutter qui transpercent son corps, parcouru de spasmes. Emportée par son orgasme,  elle n’eut pas le temps de remercier son bel étalon pour cette extraordinaire prestation. Elle était comblée ; Il s’était vidé.

*

Elle se leva de bonne humeur. Seule, encore une fois. Mais sa nuit fut réparatrice. Elle décida d’entamer le ménage de sa chambre un peu plus tard, avant d’aller travailler.

Rapidement douchée et habillée, elle s’occupa de sa chambre. Même si personne n’était là pour lui faire des remarques désobligeantes, elle aimait bien quand c’était bien rangé, bien propre. Son petit rituel terminé, elle passa dans son bureau. Une journée de travail comme les autres. Répondre à ses emails, préparer quelques présentations, et animer sa communauté. S’assurer que tout se passe bien avec eux sur le « Réseau ». Elle s’accorda une demi-heure de pause déjeuner, à la cuisine, puis reprit son travail. Elle était très consciencieuse et ne faisait aucune erreur. Comme on le lui avait appris. Depuis longtemps. Elle repensa soudain aux cours d’histoire, quand elle était étudiante.

Autour des années 2000, l’Humanité avait su enfin apprendre des conséquences de certaines de ses erreurs, minutieusement observées et analysées par de nombreux groupes de travail à travers le monde. Et pour la première fois, l’axe majeur de cette réflexion porta sur la sauvegarde de l’espèce, et non de son habitat, la Terre.

Cela l’amusa. « Mieux vaut tard que jamais » se dit-elle. Elle était d’humeur joyeuse. Elle referma son ordinateur et quitta la pièce.

Des roses rouges, délicatement déposées sur sa table. Elle sourit. Ce sera ce soir, de nouveau. Il est vrai que ces temps-ci, elle avait accéléré la cadence de ces soirées épicées. Mais elle en avait vraiment besoin. Son travail était de plus en plus stressant et de moins en moins intéressant. Tout comme celui de ses quelques milliards de « collègues ». Rien de particulier, en somme. Mais il fallait bien s’aérer l’esprit de temps en temps, ne penser à rien, se laisser complètement aller. S’évader.

(…)

Novembre 2010.

Pour lire la suite, contactez-moi : nicolas@gutron.fr


Nicolas Gutron

Ecrivain en herbe fraîche, compositeur aux oreilles décalées et photographe amateur. Et le reste du temps, responsable communication digitale. En quelques mots, quelques notes et des pixels...

0 commentaire

Laisser un commentaire