Mots
A l’origine
La porte s’ouvre. Enfin. J’étais sur le point de repartir… Ou d’enfoncer la porte. Je ne parvenais pas à trancher.
Un type dans la quarantaine, mal rasé et à l’air peu commode me lance un « Quoi ? ». Un peu sec, mais après tout, ce gars m’a évité de prendre une décision difficile. « Bourg-en-Bresse » A peine ai-je prononcé ce nom, qu’il recule et referme la porte en marmonnant « Dégage ». Mes Timberland n’en sont pas à leur première porte retenue. Un coup d’épaule, la porte se rouvre en grand, le type, qui ne s’attendait pas à une telle réaction, est bousculé. Je l’aide dans sa chute en le poussant en arrière. Une fois la porte refermée, je reprends la discussion en sortant mon couteau suisse, alors qu’il s’est assis par terre. Pendant que je cherche la lame, il esquisse un léger sourire, nerveux sans doute, qui disparaît aussitôt que la lame vient se planter dans sa cuisse. « Je t’écoute ». Je commence à tourner mon couteau dans sa plaie afin de m’assurer que je capte toute son attention et son sérieux. « Putain je m’attendais pas à te rencontrer. Je n’y étais pour rien, tu t’adresses à la mauv… ». Un cri s’échappe. Le premier. Il avait réussi à rester silencieux jusqu’ici, la surprise lui ayant fait oublier sa douleur. La lame a fait un tour sur elle-même, sa blessure saigne abondamment, et le bruit mat que je viens d’entendre c’est son corps inconscient qui s’est affalé par terre. Il est maintenant allongé sur le lino de l’entrée, sa jambe baignant dans une flaque de sang.
Un lino lavande. Dommage, ça jure un peu. En revanche son sang est assorti avec un meuble rouge du salon que l’on entrevoit. Encore que. Non, décidément, cet homme a mauvais goût.