Il fallait que je parte d’ici. Au plus vite. Sinon j’allai mourir. Je tiendrai quelques minutes dans ce lieu sombre et oppressant, mais pas beaucoup plus. Que me veut cet homme, habillé comme quelques autres, qui s’approche de moi, portant ses outils de torture sur un plateau ? Autour de moi des murs sombres, des gens très occupés, ne faisant pas attention à mon malheur. Que dois-je faire ? L’ignorer ou l’agresser la première ? Mais hélas, assise sur ma chaise, je ne peux plus en bouger. Des liens m’y attachent solidement. Et voilà que cet homme s’arrête à ma hauteur et étale son savoir-faire sur la table. Il a là de quoi m’étouffer, m’asphyxier, m’empoisonner ; bref il aura le plaisir de choisir ma mort. Il commence à me dire quelques mots que je distingue à peine. Trop d’écho. Mes tympans bourdonnent. Je peux peut-être défaire mes liens. Sinon c’est la fin. Une fin qui aime se jouer de moi, hésitante, discrète et toujours imprévisible. Je commence à avoir du mal à respirer. Dans un dernier élan de volonté, comme un instinct de survie, mes liens cèdent, et je trouve la force et le courage de me lever, tremblante et haletante. Je bouscule l’homme, qui prend un air surprit – il ne s’attendait pas à ce que je parvienne à me libérer si facilement – et je m’élance vers la sortie.
Ça y est, je réussi enfin à sortir de ce restaurant.
*
Au terme d’une nuit agitée, elle se réveilla la peur au ventre. Se tournant et se retournant sous la couette, une envie pressante finit par la tirer hors du lit. Elle enfila rapidement sa chemise de nuit, et ses pieds, foulant la douce moquette molletonnée de la chambre, heurtèrent rapidement le carrelage sans vie des toilettes. Au contact du sol glacé, son cauchemar lui revint à l’esprit. Un frisson d’angoisse lui parcourra le corps. Personne d’autre qu’elle dans l’appartement. Pourtant, elle avait la désagréable impression d’être observée. Elle alla à la cuisine pour aller se préparer son café. Personne. Et pourtant, elle était là, quelque part. Elle le savait. Elle l’attendait. Tôt ou tard, elle allait devoir l’affronter. Mais pas aujourd’hui. De retour dans la chambre, alors qu’elle avait choisie ses vêtements dans la penderie, elle resta figée là, incapable d’aller dans la salle de bain. Elle avait froid. Si seulement toutes les pensées en ébullition dans sa tête pouvaient réchauffer son corps. Mais non, elle était juste tétanisée et gelée. Elle ne sentait plus ses doigts. Finalement, l’instant passa, elle avait réussie à vaincre pendant un temps son flot de réflexions, et put prendre sa douche, source d’une chaleur salvatrice et d’un bien-être passager.
(…)
Décembre 2010.
Pour lire la suite de cette courte nouvelle, contactez-moi : nicolas@gutron.fr
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