Rendez-vous en ville

Un coup d’œil à gauche. A droite. Toujours personne. Uniquement les formes des immeubles en ruines que l’on devine sous cette brume légère mais immobile, chargée de poussière noire. Pas de soleil, pas de ciel, mais une lumière grise blafarde. Et cette odeur étouffante, un subtil mélange de métal chaud et de remontée d’égout. Oppressant. C’est un quartier qui n’a vraiment pas été épargné. Plus aucun bâtiment n’a gardé un semblant de dignité. Des étages entiers tombés ; les façades usées, parfois même éventrées ; plus aucune rue sans débris ni bitume en bon état. Des blocs de béton à terre ou encore timidement retenus par leur structure métallique rouillée. Ils tombent parfois, soulevant une masse de poussière qui vient s’ajouter à cette brume persistante. Et lorsque parfois elle se dissipe pour quelques instants, comme si elle reprenait son souffle, c’est pour laisser place à un paysage de ville abandonnée, délabrée et déserte. Et elle qui n’apparaît toujours pas.

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Non Omnis Moriar

Une tentative fort sympatique de jeu de rôle en ligne. Un maître du jeu, un forum et des joueurs ! Puis une bande son fait maison créée en fonction des personnages, histoire de rentrer un peu plus dans le jeu. Et en quelques soirées, le tour était joué, quelques notes et un peu d’inspiration ! Les morceaux étaient disponibles en streaming sur le forum.

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Le roman

Un superbe coup. Un truc qui n’arrive qu’une seule fois dans toute sa vie. Je ne pouvais pas le refuser. C’était un roman absolument surprenant. Pris par les émotions, les passions, les sentiments que me transmettait ce bouquin, je l’ai lu sans interruption du début à la fin. Ce n’était pas une pile de trois cent neuf feuilles reliées entre elles, mais réellement une aventure effrayante ; une expérience presque vécue. Après l’avoir dévoré, j’ai eu la curieuse impression que c’était un passage de ma propre vie que je venais de lire. Comme si ces lignes, que j’avalais avidement, forgeaient mon passé au fur et à mesure que je les découvrais.

(…)

Je pris mon veston – le veston gris cendre orné de boutons nacrés, celui que m’a offert ma femme pour l’anniversaire de ma liaison avec ma maîtresse-, et sortit de mon bureau. Si petit, mais si vaste en même temps. Je pouvais rester des heures à penser, m’évader aussi loin que je le voulais mentalement, sans bouger physiquement. Un bureau en bois et un fauteuil en cuir au centre de la pièce ; dans un coin, une étagère plaquée bois, une fenêtre au mur, et mon planigramme sur celui d’en face.

(…)

Nestor leva la main, l’agita, et je lui répondis de façon habituelle et non réfléchie, comme chaque jour ouvrable de la semaine. Mais je sus que cette fois là était différente. Inconsciemment, je savais qu’il allait se passer quelque chose. D’ailleurs, il me semble qu’après réflexion, il agitait la main un peu plus que d’habitude. Peut-être qu’il sortirait un flingue de sa veste, et peut-être qu’il m’abattrait comme un chien. Je sentis même pendant un court instant la douleur qu’aurait pu me faire une balle de revolver. Ou alors, peut-être qu’il s’avancerait discrètement vers moi, et qu’il me proposerait quelque substance illicite. Ou alors, peut-être bien qu’il se débarrasserait de son pardessus, et, agitant sa queue, me dirait avec un air de défi : «On s’la montre? Allez, je parie que j’en ai une plus grosse». Mais rien ne se passa, et j’en fus bizarrement surpris, tout autant que déçu.

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