Des ronds dans l’eau

C’était ici. L’une de ces maisons en briques rouges était leur siège. Un froid glacial envahissait Montréal et la 2ème avenue n’y échapperait pas. De simples escaliers en métal allaient peut-être me mener vers un monde meilleur.

J’attendais Alexandre Meunier, assis sur une chaise, en face du secrétaire qui, de son bureau, me lançait de brefs regards, par-dessus son écran. Dehors, le froid menaçait vainement le double vitrage épaulé par un chauffage redoutable. Meunier vint me chercher en personne. Il me tendait une main sûre d’elle, rassurante et engageante qui, alors que je la lui rendais, n’entama pas mon courage d’aller jusqu’au bout de ma démarche. Un léger sourire épousait son bouc discret. Des lunettes rectangulaires sans monture surplombaient ses joues rebondies et étaient dominées par une chevelure brune courte à peine bouclée. Son amabilité le précéda jusqu’à son bureau, un sobre espace qui mettait en avant l’organisation pour laquelle il était si fier de travailler. One Drop était mondialement connu et reconnu pour ses actions en faveur de l’accès à l’eau et de l’assainissement. Je m’attendais à une introduction un peu classique ; en fait je fus surpris par son entrée en matière, calme et posée.

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« Si » n’existe pas

Il fallait qu’il « L »’attrape. C’était une question de vie ou de mort. Il ne devait plus échouer. Heureusement Georges avait été sportif étant jeune ; et il avait toujours su conserver une bonne forme physique. Il « La » vit entrer dans un immeuble, par la porte d’entrée que poussait avec beaucoup de peine une vieille dame. Il s’y engagea sans hésiter, lui et ses larges épaules, bousculant la malheureuse qui passerait la soirée à l’hôpital au lieu de pouvoir gâter son petit-fils. « Elle » se déplaçait vite, mais Georges donnait tout ce qu’il avait en lui pour ne pas « La » perdre de vue. Seule une respiration plus rapide et sonore trahissait sa quarantaine entamée. Il grimpa les marches de l’escalier quatre à quatre, jusqu’au cinquième étage et atteignit la porte du toit, qui venait tout juste de se refermer. Par chance elle s’ouvra sans broncher. Ne pas « La » laisser s’échapper. « Elle » était son unique solution, son tremplin vers sa rédemption. Il le savait. « L »’attraper, c’était sa seule option. Pas d’alternative. Il s’élança sur la courte distance qu’il y avait entre cette porte et le bord du toit, bouscula sèchement un jeune homme pas bien grand que son champ de vision n’avait pas remarqué, et termina par un magnifique plongeon sur « Elle ».

Mais tout ce qu’il attrapa, ce fut le vide, suivi de très près par le toit d’un grand monospace.

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